Après son rappel en Angleterre, il est occupé à attaquer les procédures du nouveau ministère tory. Townshend gagne rapidement la faveur de George Ier et, en septembre 1714, le nouveau roi le choisit comme secrétaire d’État pour le département du Nord. La politique de Townshend et de ses collègues, après avoir écrasé le soulèvement jacobite de 1715, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, était une politique de paix. Le secrétaire n’appréciait pas l’ingérence de la Grande-Bretagne dans la guerre entre la Suède et le Danemark, et il encourageait la conclusion d’alliances défensives entre la Grande-Bretagne et l’empereur et la Grande-Bretagne et la France.
En dépit de ces succès, l’influence des Whigs fut progressivement minée par les intrigues de Charles Spencer, 3e comte de Sunderland, et par le mécontentement des favoris hanovriens. En octobre 1716, le collègue de Townshend, James Stanhope, qui devint par la suite le 1er comte de Stanhope, accompagna le roi lors de sa visite à Hanovre, et pendant qu’il était là, Sunderland le détourna de son allégeance à ses collègues ministres, George étant amené à croire que Townshend et son beau-frère, Sir Robert Walpole, étaient en cabale avec le prince de Galles, leur intention étant que le prince supplante son père sur le trône. En conséquence, en décembre 1716, le secrétaire est démis de ses fonctions et est nommé Lord Lieutenant d’Irlande, mais il ne conserve ce poste que jusqu’en avril suivant. Lorsqu’il est renvoyé pour avoir voté contre le gouvernement, il est rejoint par son beau-frère Robert Walpole et d’autres alliés whigs. C’est le début de la scission des Whigs qui divisera le parti dominant jusqu’en 1720, les Whigs de l’opposition se joignant aux Tories pour vaincre le gouvernement de Stanhope sur plusieurs questions, dont le Peerage Bill de 1719.
Au début de l’année 1720, une réconciliation partielle a lieu entre les partis de Stanhope et de Townshend, et en juin de cette année, ce dernier devient Lord Président du Conseil, poste qu’il occupe jusqu’en février 1721, date à laquelle, après la mort de Stanhope et la retraite forcée de Sunderland, conséquence de la Bulle des mers du Sud, il est à nouveau nommé secrétaire d’État pour le département du Nord, avec Walpole comme Premier Lord du Trésor et Chancelier de l’Échiquier. Les deux restent au pouvoir pendant le reste du règne de George Ier, les principaux événements domestiques de l’époque étant la mise en accusation de l’évêque Atterbury, le pardon et la restauration partielle de Lord Bolingbroke, et les troubles en Irlande causés par le brevet permettant à Wood de frapper des demi-pence.
Townshend obtint le renvoi de son rival, Lord Carteret, par la suite comte Granville, mais bientôt des divergences apparurent entre lui et Walpole, et il eut quelques difficultés à maintenir le cap dans la mer agitée de la politique européenne. Bien qu’il ne l’aime pas, George II le maintient en fonction, mais la prédominance au sein du ministère passe progressivement mais sûrement de lui à Walpole. Townshend ne peut le supporter. Tant que le cabinet était composé de Townshend et de Walpole, tout allait bien, pour reprendre la remarque spirituelle de Walpole, mais lorsque les positions furent inversées, des jalousies apparurent entre les partenaires. De sérieuses divergences d’opinion concernant la politique à adopter vis-à-vis de l’Autriche et en politique étrangère en général conduisirent à une rupture définitive en 1730. Échouant, en raison de l’intervention de Walpole, dans ses efforts pour obtenir le renvoi d’un collègue et son remplacement par un ami personnel, Townshend se retire le 15 mai 1730. Son départ a levé le dernier obstacle à la conclusion d’une alliance anglo-autrichienne qui allait devenir la pièce maîtresse de la politique étrangère britannique jusqu’en 1756.
Selon les historiennes Linda Frey et Marsha Frey :
Townshend était sans aucun doute capable, déterminé et travailleur, mais pour atteindre ses objectifs, il apparaissait parfois brusque, abrasif, têtu, impatient et autoritaire. Contrairement à nombre de ses contemporains dont la vénalité était légendaire, il était scrupuleusement honnête. Il était généreux envers ses amis comme envers ses ennemis. C’était aussi un homme passionné qui aimait et détestait rapidement et qui changeait rarement d’avis une fois qu’il s’était fait une opinion….Les historiens ont souvent sous-estimé les réalisations de Townshend, en partie parce que son rival Walpole l’a surpassé et lui a survécu.