Contexte : La plupart des hôpitaux utilisent encore l’héparine non fractionnée (HNF) comme agent principal pour la prophylaxie de la thromboembolie veineuse (TEV) en milieu hospitalier en raison de sa facilité d’utilisation et de son coût insignifiant. Cependant, le risque de thrombocytopénie induite par l’héparine (TIH) a conduit certains groupes à privilégier d’autres options pour l’anticoagulation thérapeutique et prophylactique. Ceci est particulièrement pertinent à la lumière de données récentes démontrant un taux plus faible de TIH chez les patients recevant de l’énoxaparine par rapport à l’HNF. Cette étude examine le rapport coût-efficacité de l’énoxaparine, par rapport à l’HNF pour une utilisation prophylactique et thérapeutique dans les hôpitaux.
Méthodes : Nous avons effectué une analyse rétrospective des dossiers des patients qui ont subi un test de panel HIT à l’Inspira Health Network, campus de Vineland (un hôpital communautaire d’environ 262 lits situé dans le sud du New Jersey qui dessert une population d’environ 61 050 personnes) entre le 1er avril 2015 et le 31 décembre 2016. La date de début représente le moment à partir duquel l’énoxaparine est devenue le principal anticoagulant alternatif disponible dans cet hôpital. Les enregistrements de l’utilisation totale et du coût de l’HNF et de l’énoxaparine pour la période spécifiée ont été recueillis dans la base de données de la pharmacie de l’hôpital pour être évalués, ainsi que les enregistrements des panels HIT. Les informations ont été analysées pour déterminer la fréquence des commandes de tests de panel HIT pour les patients recevant de l’HNF par rapport à ceux recevant de l’énoxaparine. Les économies annuelles pour l’hôpital ont été extrapolées en utilisant l’incidence comparative des panels HIT et les coûts associés, y compris l’augmentation de la durée du séjour, la consultation en hématologie/oncologie, l’utilisation d’un anticoagulant alternatif, les saignements critiques nécessitant une transfusion et les complications de la thrombose associée à l’HIT. Ces variables ont été multipliées par le taux d’incidence pour chaque médicament et usage spécifié afin de déterminer le coût quotidien de chaque médicament.
Résultats : L’utilisation de l’énoxaparine n’a pas entraîné une diminution significative de la commande de panneaux de TIH à l’hôpital, avec un ratio de taux relatif de 0,948 (intervalle de confiance à 95 % : 0,336, 2,21). Lorsque les données ont été stratifiées pour examiner l’anticoagulation prophylactique et thérapeutique, on a constaté une différence marquée dans la fréquence des tests HIT. Le rapport des taux de commandes de tests HIT pour les patients recevant de l’énoxaparine thérapeutique plutôt que de l’HNF intraveineuse (IV) était de 0,118 (0,006, 0,625). Ces chiffres ont été utilisés pour extrapoler le coût quotidien total de l’énoxaparine par rapport à l’HNF IV ; l’énoxaparine thérapeutique coûtait 30,66 $, tandis que l’HNF IV coûtait 162,30 $. L’utilisation de l’HNF IV était associée à un taux d’incidence plus élevé des ordonnances du groupe HIT et, par conséquent, à un coût quotidien plus élevé en raison de la probabilité d’une augmentation de la durée du séjour, de l’utilisation d’une anticoagulation alternative, d’un saignement nécessitant une transfusion et d’une demande de consultation d’experts.
Conclusion : Dans cette étude, l’utilisation de l’énoxaparine est associée à une économie significative par rapport à l’HNF IV lorsqu’elle est utilisée pour l’anticoagulation thérapeutique, mais cette économie n’a pas été observée pour l’anticoagulation prophylactique.