Maison de Savoie, Savoia italienne, Savoie française, dynastie historique d’Europe, maison régnante d’Italie de 1861 à 1946. Au cours du Moyen Âge européen, la famille a acquis un territoire considérable dans les Alpes occidentales où convergent aujourd’hui la France, l’Italie et la Suisse. Au 15e siècle, la maison a été élevée au rang de duché au sein du Saint Empire romain germanique, et au 18e siècle, elle a obtenu le titre royal (d’abord du royaume de Sicile, puis de Sardaigne). Ayant contribué au mouvement pour l’unification de l’Italie, la famille est devenue la maison régnante de l’Italie au milieu du 19e siècle et l’est restée jusqu’à son renversement avec l’établissement de la République italienne en 1946.
Le fondateur de la maison de Savoie était Humbert Ier le Blanchard (milieu du 11e siècle), qui tenait le comté de Savoie et d’autres régions à l’est du Rhône et au sud du lac Léman et qui était probablement d’origine bourguignonne. Ses successeurs au cours du Moyen Âge ont progressivement étendu leur territoire. Amadeus V (règne 1285-1323) introduit la loi de succession salique et la loi de primogéniture pour éviter tout partage futur des dominations de la famille entre différents membres. Amadeus VI (1343-83) agrandit et consolide le territoire, et sous Amadeus VII (1383-91), le port de Nice est acquis. Sous Amadeus VIII (règne 1391-1440), le Piémont, sur le versant italien des Alpes, est définitivement incorporé (après avoir appartenu pendant près de deux siècles à une branche de la maison). Amadeus VIII reçoit le titre de duc en 1416.
À la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, l’importance de la maison décline sous une série de souverains faibles, qui culmine avec l’occupation française de la Savoie (1536-59). En 1559, cependant, Emmanuel Philibert (règne 1553-80) parvient à récupérer la majeure partie de la Savoie aux termes de la paix de Cateau-Cambrésis. Au cours du siècle suivant, les ducs de Savoie poursuivent une politique d’expansion territoriale et, pour la plupart, conservent un rôle indépendant dans les affaires internationales en manœuvrant entre les deux principales puissances opposées, la France et les Habsbourg. Bien que ses terres aient été sous domination française pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, la Savoie est sortie de cette longue période de guerres internationales avec des gains importants. Par le traité d’Utrecht (1713), Victor Amadeus II (régnant de 1675 à 1730) passe du statut de duc à celui de roi en tant que souverain de Sicile ; en 1720, il échange la Sicile contre la Sardaigne. Lui et ses successeurs ont également acquis d’importants territoires dans le nord-est de l’Italie. Pendant les guerres révolutionnaires françaises et napoléoniennes (1792-1815), seule la Sardaigne reste à l’abri du contrôle français, mais en 1815, Victor Emmanuel Ier (règne 1802-21) ajoute Gênes aux possessions de la famille.
Au début du Risorgimento, le territoire de la maison de Savoie, centré sur le Piémont, est unique parmi les États italiens pour son absence d’influence étrangère et pour sa force militaire relative. Une révolution libérale en 1821 contraint Victor Emmanuel Ier à abdiquer en faveur de son frère, Charles Félix. À la mort de ce dernier en 1831, Charles Albert, de la branche Carignano de la famille, obtient le trône. Il contribue à la cause de l’unification sous l’égide du Piémont en modernisant son gouvernement (octroi d’une constitution en 1848) et en luttant contre le pouvoir autrichien en Italie lors de la première guerre d’indépendance de 1848-49. Sous son fils Victor Emmanuel II (règne de 1849 à 1878, roi d’Italie à partir de 1861), qui soutient le premier ministre piémontais, le comte Cavour, dans les manœuvres diplomatiques précédant immédiatement l’unification, le royaume d’Italie est formé avec la maison de Savoie à sa tête.
Dans le nouvel État, le rôle du monarque a perdu son ancienne prééminence à mesure qu’évoluait un système de gouvernement parlementaire. Le roi n’occupait une position charnière qu’en période de crise. Umberto Ier succéda à son père en tant que roi d’Italie en 1878 et régna jusqu’à sa propre mort en 1900. Victor Emmanuel III (1900-46), qui est resté le roi de façade pendant le régime fasciste, a abdiqué en 1946, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, en faveur de son fils Umberto II dans une tentative de sauver la monarchie, mais le peuple italien a voté par référendum le 2 juin 1946 pour une république, mettant fin au règne de la maison de Savoie. Une clause fut incluse dans la constitution italienne interdisant à la famille de Savoie de revenir en Italie.
Non royale, la famille de Savoie s’installe à l’étranger, et le mouvement monarchiste, fort dans les années 1950, est en déclin. À la fin du 20e siècle, des démarches hésitantes ont été faites pour permettre à la famille de revenir en Italie, et une brève réconciliation a eu lieu en 2002, lorsque l’interdiction a été abrogée.