Un moustique Aedes aegypti avec un repas de sang anormalement grand (à gauche) à côté d’un moustique typique engorgé (à droite) pour comparaison. (Photo de Perran Ross, Ph.D.
Par Perran Ross, Ph.D.
Perran Ross, Ph.D.
Une légende urbaine dit que si vous tendez votre muscle lorsqu’un moustique vous pique et se nourrit de votre sang, il peut gonfler et exploser. Les moustiques étant souvent cités comme la créature la plus détestée de la planète, l’idée de pouvoir les faire éclater à volonté est peut-être séduisante pour beaucoup. Mais, ayant passé la majeure partie d’une décennie à nourrir des moustiques sur mes propres bras pour mes recherches, je peux affirmer avec certitude que c’est un mythe. Il existe cependant un moyen de faire éclater des moustiques ; il suffit d’avoir une main ferme et des pinces.
Les premiers moustiques qui explosent peuvent être attribués à Robert Gwadz, Ph.D., dans une découverte qui a été faite par une recherche fondamentale en laboratoire il y a plus de 50 ans. Il a découvert que le fait de pratiquer une incision dans la corde nerveuse ventrale d’un moustique coupe le signal d’arrêt de l’alimentation, ce qui lui donne une soif de sang inextinguible. Les moustiques qui ont subi cette procédure peuvent boire plus de quatre fois leur poids et peuvent finir par éclater. Cela a conduit Gwadz à une hypothèse selon laquelle l’ingestion de sang est régulée par des récepteurs d’étirement abdominal qui empêchent les moustiques de boire (littéralement) jusqu’à la mort.
Sévirer ou écraser le cordon nerveux ventral d’un moustique au point indiqué par la flèche verte conduit à une prise de sang non régulée. (Image de Perran Ross, Ph.D.)
Bien que cette recherche soit fondamentale pour notre compréhension du comportement d’alimentation en sang chez les moustiques, les résultats ont rarement été répétés. Ainsi, en menant mes propres expériences sur des moustiques se nourrissant de sang, j’ai tenté de reproduire ces résultats en utilisant une procédure simple.
Les moustiques Aedes aegypti femelles (seules les femelles se nourrissent de sang) ont été immobilisés en les plaçant au réfrigérateur pendant une heure. Puis, sous un microscope à dissection, j’ai utilisé une paire de pinces pour plaquer le moustique sur le côté et une seconde paire pour pincer l’abdomen (photo ci-dessus), écrasant ainsi la corde nerveuse ventrale. Le lendemain, j’ai laissé les moustiques se nourrir sur mon bras, comme nous le faisons couramment dans notre laboratoire. Et là, la magie a opéré.
Avertissement : Contenu graphique. Les moustiques qui subissent une opération simple sont incapables de sentir quand ils sont pleins, buvant du sang jusqu’à ce qu’ils éclatent. (Vidéo de Perran Ross, Ph.D.)
La vidéo ci-dessus – qui, attention, peut ne pas convenir aux personnes dégoûtées par la vue du sang – montre certains des résultats les plus spectaculaires de l’opération. Des moustiques ont bu bien plus que leur part de sang et ont été rendus incapables de voler ou même de marcher. D’autres sont allés encore plus loin, buvant tellement qu’ils ont fini par éclater. Souvent, ils continuaient à se nourrir longtemps après la rupture de leur abdomen, ignorant que ce qui entrait sortait directement par l’autre extrémité.
Bien que les résultats soient spectaculaires, pratiquer la chirurgie sur des moustiques individuels n’est pas un moyen pratique de contrôler les populations de moustiques ou de réduire l’incidence des maladies transmises par les moustiques. Mais cette connaissance de la biologie des moustiques et de leurs mécanismes d’alimentation en sang pourrait avoir de nombreuses applications inattendues et inspirer de futures recherches. Par exemple, un groupe de chercheurs étudie comment les moustiques font la différence entre le nectar des plantes et le sang. Et la découverte que les médicaments diététiques peuvent supprimer l’appétit des moustiques est née d’une simple curiosité. Bien que nous ne voulions probablement pas que le sang de moustiques explosant pleuve du ciel, il suffit parfois d’une question absurde pour faire une percée scientifique importante.
Perran Ross, Ph.D., est un chercheur postdoctoral à la School of BioSciences de l’Université de Melbourne, en Australie. Il étudie les moyens de contrôler les insectes nuisibles et les vecteurs de maladies avec des bactéries endosymbiotiques. Twitter : @MosWhisperer. Site web : https://blogs.unimelb.edu.au/pearg/. Courriel : [email protected].