On dit qu’une image vaut mille mots, alors regardons les deux couleurs en comparaison (il existe différentes nuances de pourpre et de violet, et l’image suivante montre certaines des plus courantes):
Donc, le pourpre est plus rougeâtre et saturé, tandis que le violet est plus bleuté et moins saturé. Affaire classée, non ?
Il y a plus que ce que les yeux peuvent voir (littéralement). Pour comprendre la différence, il faut d’abord jeter un coup d’œil sur le fonctionnement de nos yeux. Le spectre électromagnétique est une gamme continue de longueurs d’onde, dont seule une infime partie est visible par les humains :
Nous ne voyons ni les longueurs d’onde ultraviolettes et plus courtes, ni les longueurs d’onde infrarouges et plus longues. Comment voyons-nous le reste ? Nous avons trois types de cellules sensibles aux couleurs dans nos yeux, appelées cônes. Les cônes ne perçoivent pas une seule longueur d’onde ; ils sont activés par toute une gamme de longueurs d’onde, et les signaux reçus des cônes sont ensuite traités par le cerveau de telle sorte que chaque couleur peut être considérée comme composée de trois signaux élémentaires différents.
L’image suivante montre approximativement comment le cerveau perçoit les différentes couleurs spectrales (plus la courbe est haute, plus l’intensité du signal élémentaire que le cerveau reçoit est élevée):
Notez que ce graphique ne montre pas les propriétés spectrales des cônes eux-mêmes (mais elles semblent similaires). Il représente l’espace colorimétrique CIE 1931 qui, pour faire simple, correspond aux signaux après leur traitement par le cerveau.
Par exemple, lorsque vous voyez une lumière rouge monochromatique (pure) du côté très droit du spectre, seule la voie du signal « rouge » est activée, ce qui indique à votre cerveau de créer l’impression de rouge. D’autre part, lorsque vous voyez une lumière verte pure (au milieu), les deux voies « verte » et « rouge » sont activées, mais votre cerveau sait que « beaucoup d’activation verte et un peu moins d’activation rouge » n’est en fait qu’une couleur verte pure, ce que vous voyez.
Lorsqu’un mélange de photons qui ont différentes longueurs d’onde frappe la rétine (créant un rapport d’activation rouge, verte et bleue différent de toute couleur spectrale), le cerveau le percevra comme une couleur entièrement différente. Par exemple, il n’existe pas de longueur d’onde blanche. Ce que nous percevons comme « blanc » n’est en fait qu’un mélange de nombreuses couleurs spectrales différentes.
Que se passe-t-il lorsque la lumière violette frappe la rétine ?
Le trajet du signal « rouge » a une propriété supplémentaire intéressante. Comme vous pouvez le voir ci-dessus, il a une petite bosse d’activation autour de l’extrémité à courte longueur d’onde (violet) du spectre visible. Lorsque la lumière violette frappe la rétine, la voie « bleue » et (beaucoup moins) la voie « rouge » sont toutes deux activées. Le cerveau interprète ce type d’entrée d’une manière spécifique, que nous appelons « violet ».
Il convient de noter que le pigment des cônes « verts » eux-mêmes présente également un petit pic d’absorption autour des longueurs d’onde violettes, mais le cerveau semble l’ignorer (il n’est pas possible de simuler la perception du violet par une combinaison de lumière verte et bleue).
Le violet n’est pas une couleur spectrale
Comme nous l’avons déjà noté, de nombreuses couleurs que nous pouvons voir ne sont pas dans le spectre visible. Lorsque vous voyez un objet, c’est généralement un mélange de différentes longueurs d’onde qui atteint votre rétine, ce qui entraîne l’activation des cônes dans un rapport qui ne peut être atteint par une couleur spectrale.
Notre cerveau est très doué pour interpréter ce mélange (il serait idiot de simplement jeter une partie des informations entrantes et de faire en sorte que tout ressemble à la couleur spectrale la plus proche) et, par conséquent, nous sommes capables de voir plusieurs millions de couleurs différentes, dont la plupart ne sont pas présentes dans le spectre.
Comme nous l’avons noté au début de l’article, le violet a un aspect plus « rougeâtre » que le violet, et c’est tout à fait exact. Le violet est formé par le mélange du rouge et du bleu dans un rapport proche de 1:1, alors que le violet est perçu par vos yeux comme contenant plus de bleu que de rouge.
Cependant, comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus, aucune couleur spectrale n’active la voie « bleue » et la voie « rouge » dans un rapport de 1:1 sans stimuler également la voie « verte ». En d’autres termes, le violet n’est pas une couleur spectrale. Vous pouvez avoir une source de lumière violette monochromatique (c’est-à-dire une source produisant une seule longueur d’onde), mais tout ce qui a l’air violet doit émettre à la fois de la lumière rouge et de la lumière bleue.
Le violet et le pourpre ne se ressemblent que pour les humains
Pour nous, les humains, le pourpre ressemble à une nuance plus saturée de violet, mais les objets violets dans la nature sont fondamentalement différents des objets violets. Les objets violets sont « rouges et bleus en même temps », alors que les objets violets sont… juste violets.
Si vous jetez un coup d’œil à la distance entre le violet et le bleu dans l’image du spectre ci-dessus, elle est à peu près la même que la distance entre le vert et l’orange. Le violet est un mélange de rouge (qui est à l’opposé du spectre que le violet) et de bleu (qui est relativement éloigné du violet), c’est donc, en termes de longueurs d’onde, une couleur complètement différente.
La raison pour laquelle le violet et le violet nous semblent similaires est qu’ils stimulent nos cônes de manière similaire, mais la plupart des autres animaux ne partagent pas les mêmes types de cônes et de « post-traitement ». Cela signifie que pour d’autres animaux, le violet et le pourpre peuvent avoir l’air complètement différents !
Maintenant, imaginez un pétale de fleur violet avec un motif pourpre dessus. Selon les nuances particulières, ce motif pourrait être complètement invisible pour nous, alors que de nombreux autres animaux pourraient le voir aussi clairement que nous pouvons voir un motif orange sur fond vert. Même les appareils photo grand public ne nous aideraient pas ; ils sont conçus pour capter les mêmes informations rouge-vert-bleu que nos yeux, de sorte que même prendre une photo du pétale et la retoucher dans Photoshop ne permettrait pas de découvrir le motif. C’est assez fascinant, n’est-ce pas ?