Cunanan, le tueur en série qui a tué Gianni Versace

Le 15 juillet 1997, le monde s’est réveillé avec le meurtre tragique d’un des plus grands couturiers du monde, Gianni Versace. Aux portes de son manoir de Miami, un individu s’est glissé derrière lui et lui a tiré deux balles dans la tête. Il est mort instantanément.

Il n’y avait apparemment aucun motif apparent, n’est-ce pas ? Au cours des jours suivants, les enquêteurs ont émis l’hypothèse d’un vol et même d’une vendetta de la mafia. Mais derrière ce crime macabre se cache Andrew Cunanan, un tueur en série qui a choisi le couturier comme dernière cible. Se connaissaient-ils vraiment ? Vingt-deux ans plus tard, la véritable raison de ce meurtre reste inconnue.

Qui est Andrew Cunanan?

Andrew Philliph Cunanan est né le 31 août 1969 à National City, une ville de San Diego, en Californie, d’un père philippin et d’une mère italienne. Cadet d’une fratrie de quatre enfants, on lui a inculqué deux choses dans son enfance : la ferveur religieuse et l’importance de la réussite professionnelle.

A travers les textes bibliques, on lui a fait croire qu’il pouvait être supérieur aux autres. Que c’était son destin et que les études universitaires l’aideraient à le réaliser. Il a fréquenté l’un des lycées les plus huppés de la région, la Bishops School, et a fini à l’université de San Diego.

C’est là que le jeune homme a découvert son homosexualité, ce qui n’a pas plu à ses parents, étant donné leurs croyances catholiques. En fait, certains voisins se souviennent encore de la façon dont Cunanan, après avoir parlé à sa mère de ses penchants sexuels, a déclenché une violente dispute qui s’est terminée par une agression. Le fils a poussé sa mère contre un mur, lui déboîtant l’épaule. Ce comportement violent a conduit des années plus tard à cinq meurtres.

Le germe du criminel commençait à marquer Andrew. Grâce à son QI élevé, presque celui d’un génie, et à ses dons de menteur et de manipulateur, le garçon a pu se construire une double vie.

Les victimes

Sa dépendance aux drogues comme la cocaïne et le crystal meth, et la honte de reconnaître qu’il est d’origine modeste, l’ont conduit à tenter d’entrer dans le cercle des homosexuels millionnaires. L’un de ses premiers amants est l’ex-marine Jeffrey Trail, qu’il a rencontré lors de l’inauguration de l’opéra de San Francisco en 1990. Il est intéressant de noter que ce même jour, Gianni Versace aurait pris Cunanan pour quelqu’un d’autre et qu’ils auraient entamé une conversation. Comme nous le verrons, sept ans plus tard, le jeune homme deviendra son bourreau.

Une autre de ses idylles se produit en 1994. Le millionnaire Norman Blachford, plus âgé qu’Andrew, lui demande d’emménager dans son manoir de La Joya. Mais un autre homme croise son chemin, l’architecte David Matchen, dont il tombe éperdument amoureux. Pendant un an, Cunanan a à la fois une relation de convenance financière et une relation romantique. Mais lorsqu’il revient de vacances en 1996, la situation explose.

Norman apprend la double vie d’Andrew et décide de le mettre à la porte. Pendant ce temps, David retourne à Minneapolis, sa ville natale, où part également l’une de ses premières conquêtes, Jeffrey Trail. Cunanan se sent si seul qu’il décide de se rendre dans la ville américaine. Cette visite prétendument mélancolique était une vengeance obsessionnelle.

Dangereux et armé

David récupère Andrew à l’aéroport et l’emmène chez Jeffrey. Là, il découvre le paillasson, prend un double des clés et se faufile pour voler une arme. Ce n’est que le 27 avril que Cunanan commencera sa folie meurtrière.

Il était 9 h 45 lorsque le tueur est arrivé à l’appartement de l’ex-Marine – David était sorti promener le chien – et après une violente dispute, il l’a tué à coups de marteau. Pour se débarrasser du corps, il l’enroule dans l’un des tapis de la maison et attend que la deuxième victime arrive chez lui.

Lorsque David entre, une nouvelle confrontation a lieu et Cunanan parvient à le réduire et à le retenir en otage pendant quarante-huit heures. Il se débarrasse du corps du Marine et l’ex-amant est finalement abattu. Son corps a été retrouvé le 3 mai dans un lac du Minnesota.

Ce n’est que lorsque la police a localisé le deuxième mort que les agents ont remarqué une valise sur la scène du crime. Et pour ne rien arranger, il contenait des détails sur l’identité de son propriétaire : Andrew Cunanan. A partir de là, l’alarme est donnée et la recherche et la capture de ce meurtrier commence.

Mais au cours de sa poursuite, Cunanan laisse une traînée d’autres morts. Le troisième meurtre a eu lieu à Chicago le 4 mai. La victime, le magnat de l’immobilier Lee Miglin, qui avait auparavant engagé Cunanan comme prostituée, a été retrouvée enveloppée dans du ruban adhésif et poignardée à plusieurs reprises à la poitrine et à la gorge. Il avait apparemment utilisé une scie.

Avant de partir, Cunanan a imprégné ses empreintes digitales et son ADN partout dans la maison. Non seulement il s’est baigné avec Miglin, mais il s’est rasé et a même préparé quelque chose à manger dans la cuisine. Enfin, pour s’échapper, le meurtrier a volé sa voiture Lexus. Cela s’est avéré être sa perte car la police a pu le retrouver grâce au traceur du véhicule.

Alors qu’ils semblaient l’avoir coincé, Cunanan apprend qu’il est poursuivi grâce à la voiture et l’abandonne dans un fossé. La chasse à l’homme devient une priorité pour la ville du Minnesota et le FBI répertorie déjà Andrew comme l’un des criminels les plus dangereux. Il avait déjà commis trois meurtres et allait bientôt en commettre un quatrième.

C’est le 9 mai que, dans le New Jersey, Cunanan a tué le gardien du cimetière national de Finn’s Point. William Reese avait 45 ans et son seul péché : posséder une voiture. Le tueur est monté dans la Chevrolet rouge et a roulé rapidement vers le quartier gay de South Beach à Miami. Là, il parvient à passer inaperçu pendant plusieurs semaines.

Le meurtre de Versace

Avec une quatrième victime derrière lui, Andrew Cunanan est déjà considéré par les enquêteurs comme un tueur en série. En moins de trente jours, il a laissé son empreinte dans l’histoire du crime américain, même si elle culminera le 15 juillet avec la mort par balles du styliste Gianni Versace alors qu’il tentait d’entrer dans la Casa Casuarina.

Comme chaque matin, l’Italien quitte son manoir pour acheter plusieurs journaux et magazines et prendre un café au News Café. Il était un peu plus de neuf heures et Gianni revenait pour commencer sa journée. Derrière lui, un jeune homme vêtu d’un short, de baskets, d’une casquette et d’un sac à dos, l’attendait accroupi près de la porte principale. C’était Andrew Cunanan.

Alors que Versace s’apprêtait à sortir ses clés, le tueur s’est approché de lui par derrière avec un pistolet sur la tempe. Il a tiré deux fois et les balles l’ont touché au cou et à l’arrière de la tête. Il venait d’exécuter de sang-froid l’un des designers les plus célèbres du monde. Sa cinquième victime.

Un témoin a vu Cunanan s’éloigner de la scène du crime en direction d’Ocean Drive, tandis que le partenaire de Versace, Antonio D’Amico, ainsi que le cuisinier Charles Podesta et un autre employé de la maison, sortaient pour l’aider.

Alors que le monde pleure la perte de Versace et célèbre ses funérailles, le criminel se cache et reste introuvable pendant huit jours. La police distribue des affiches avec le nom et les photos d’Andrew, avertissant qu’il est « armé » et « extrêmement dangereux ». « Cunanan » peut porter des lunettes de vue. Il est connu pour changer de couleur de cheveux et de poids. Il se présente souvent comme un homme riche », peut-on lire.

L’empressement à traquer l’assassin était tel que la police a commis une erreur flagrante : elle a arrêté la mauvaise personne. Il s’agissait d’Andrés Burguera, fils de l’acteur espagnol Andrés Pajares, qui se trouvait à New York à l’époque et dont la ressemblance avec le véritable tueur était douteuse, hormis son nom. À l’époque, Burguera se faisait appeler Andrew.

Dans des déclarations à El Mundo, Andrés a expliqué que : « C’était le pire jour de ma vie. J’étais dans le quartier de Chelsea et j’ai remarqué que j’étais suivi par une voiture de patrouille alors que je sortais d’un salon de coiffure, où j’étais allé me faire couper les cheveux. Ils m’ont demandé mon nom, j’ai répondu et je me suis retrouvé sous la menace d’une arme et menotté. Je pensais que c’était la fin ! »

« J’étais face contre terre et incapable de parler. Les minutes se sont éternisées. Je ne comprenais pas de quoi il s’agissait, mais c’était sérieux. J’ai même entendu un hélicoptère au-dessus de moi. Andrew était l’homme le plus recherché par le FBI et était responsable de quatre autres meurtres, dont celui de Lee Miglin, un important promoteur immobilier. Il y avait beaucoup de psychose dans le pays », a-t-il poursuivi. Après cette grosse bourde, les autorités se sont excusées auprès de l’Espagnol et l’ont dédommagé avec une green card, une carte de résidence aux États-Unis.

Le mobile du crime

Le 23 juillet, après avoir découvert qu’Andrew se trouvait dans une péniche à Miami Beach, la police a procédé à son encerclement. Le harcèlement se poursuit pendant plusieurs heures, jusqu’à ce que le jeune homme décide de mettre fin à ses jours. Il se tire une balle dans la tête avec la même arme que celle avec laquelle il avait tué le créateur quelques jours plus tôt. Ils ne pouvaient rien faire pour le sauver et, par conséquent, pour le traduire en justice.

Pendant les huit jours où ils ont essayé de localiser Cunanan, différentes hypothèses ont été avancées concernant le crime de Versace. L’un d’eux était un vol, car le designer avait 1 200 $ en espèces dans son portefeuille. Mais quand ils ont découvert qui était derrière le meurtre, cette version a été écartée. En fait, lorsque Cunanan a été identifié comme l’assassin de Gianni, on a dit qu’il cherchait la célébrité. Mais cela n’avait pas beaucoup de sens non plus, car l’Italien était sa cinquième victime, pas la première.

La possibilité qu’il s’agisse d’un règlement de comptes aux mains de la mafia calabraise a également été évoquée. L’attention s’est même portée sur le parrain Paolo de Stefano, à qui le couturier devait de l’argent. Il semble que le mafioso aurait blanchi d’importantes sommes d’argent par l’intermédiaire de la société Versace. C’est Giuseppe Di Bella qui a prévenu la police et donné les détails du plan à suivre. C’était un de leurs informateurs. Mais au fil des jours, cette théorie a également été écartée.

L’une des plus étranges est que Cunanan, après avoir contracté le sida et ne sachant pas qui en était le porteur, a décidé de tuer tous ses ex-amants. Et Versace était l’un d’entre eux parce qu’il l’a engagé, lui et son partenaire, pour toutes sortes de services sexuels.

Cunanan et Versace, se connaissaient-ils ?

A propos de la relation possible entre le tueur et sa victime, il y a l’histoire mentionnée ci-dessus, qui a été décrite par le magazine Time. Ainsi que les photos présumées montrant Versace et Cunanan à une fête à Miami Beach, deux jours avant le meurtre. Sans compter les déclarations que Vanity Fair a recueillies auprès d’un ami d’Andrew expliquant l’obsession du criminel pour l’Italien.

Après plusieurs mois d’enquête, 700 pages, 13 vidéos, 17 cassettes audio et des dizaines de photographies, le FBI n’a pas réussi à découvrir le véritable mobile de ce meurtre, que certains qualifient de « passionnel ».

Même le chef de la police de Miami, Richard Barreto, a déclaré : « Nous ne pouvons pas établir de motif. Ça pourrait être un vol. Il se pourrait qu’Andrew Cunanan ait cherché la gloire en abattant une personne de ce calibre. Ça pourrait être une vengeance. Nous aimerions tous le savoir, surtout dans une affaire aussi médiatisée que celle-ci. Malheureusement, la vraie réponse est que nous avons sombré avec le navire, pour ainsi dire. »

Avec l’arrivée de la récente série de fiction American Crime Story sur le meurtre de Gianni Versace, est venue la controverse. Non seulement le crime a été exposé, mais aussi tout le réseau d’entreprises familiales qui s’est effondré à la suite de ce terrible événement. La famille a démenti sa version des faits. Mais à ce jour, la seule interprétation plausible est que Conanan a tué Versace. Par célébrité ou par jalousie. Ou aucun des deux.

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