Le cerveau est un organe hautement compartimenté exceptionnellement susceptible d’accumuler des erreurs métaboliques. La maladie d’Alzheimer (MA) est la maladie neurodégénérative la plus répandue chez les personnes âgées et se caractérise par une spécificité régionale des aberrations neuronales associées aux fonctions cognitives supérieures. L’aluminium (Al) est le métal neurotoxique le plus abondant sur terre, largement biodisponible pour les humains et dont l’accumulation dans les foyers neuronaux sensibles à la MA a été démontrée à plusieurs reprises. Malgré cela, le rôle de l’aluminium dans la maladie d’Alzheimer a été fortement contesté sur la base des affirmations suivantes : 1) l’aluminium biodisponible ne peut pas pénétrer dans le cerveau en quantité suffisante pour causer des dommages, 2) l’excès d’aluminium est efficacement excrété par l’organisme et 3) l’accumulation d’aluminium dans les neurones est une conséquence plutôt qu’une cause de la perte neuronale. La recherche révèle toutefois que 1) de très petites quantités d’Al sont nécessaires pour produire une neurotoxicité et ce critère est satisfait par l’apport alimentaire en Al, 2) l’Al séquestre différents mécanismes de transport pour traverser activement les barrières cérébrales, 3) l’acquisition progressive de petites quantités d’Al au cours d’une vie favorise son accumulation sélective dans les tissus cérébraux, et 4) depuis 1911, les preuves expérimentales ont démontré à plusieurs reprises que l’intoxication chronique à l’Al reproduit les caractéristiques neuropathologiques de la MA. Des idées fausses sur la biodisponibilité de l’aluminium ont pu induire les scientifiques en erreur quant à l’importance de l’aluminium dans la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer. L’hypothèse selon laquelle l’aluminium contribue de manière significative à la maladie d’Alzheimer repose sur des preuves expérimentales très solides et ne doit pas être rejetée. Des mesures immédiates devraient être prises pour réduire l’exposition humaine à l’Al, qui pourrait être le facteur le plus aggravant et évitable lié à la MA.